Après avoir étudié à Polytechnique, Xavier travaille dans un premier temps dans l'industrie puis au sein de différentes startups en tant que product manager. En 2017, décidé à changer de carrière, il s'inscrit au Wagon pour apprendre à coder, depuis Il est Research Engineer au laboratoire d'intelligence artificielle de Facebook.
Que faisais-tu avant de rejoindre le bootcamp du Wagon ?
J'ai fait une grande école d'ingénieurs française, à une époque où la mode était à la finance de marché, ou bien le conseil quand on cherchait à explorer différentes possibilités professionnelles. Les hurluberlus qui voulaient absolument être ingénieurs partaient dans les industries nucléaire ou automobile. L'informatique n'avait alors pas l'aura qu'elle a aujourd'hui, c'était vu comme une activité de "geek" qui était alors un terme péjoratif. Bref, les temps ont bien changé.
J'ai compris l'intérêt de savoir coder pour au moins deux raisons : Avoir la capacité de "bootstrapper" son produit sans (trop) d'aide extérieure, pouvoir comprendre ce que font les devs, partager leur langage et se faire comprendre.
J'ai commencé comme ingénieur dans un conglomérat industriel français, car je voulais construire des choses qui ont du sens, l'automatisation de la ligne 13 du métro en l'occurence. Mais je me sentais péricliter, aussi suis-je parti dans une première startup (web), puis une seconde (robotique) comme Product Manager, m'éloignant toujours plus de la technique pure. À l'issue de ces expériences, afin de consolider mon expérience "business", je suis allé dans un grand cabinet de conseil en management. Expérience passionnante, mais très exigeante sur le plan personnel.
Pourquoi as-tu voulu apprendre à coder lorsque tu étais consultant ?
Comme beaucoup d'anciens consultants je me suis dit que je pourrais mettre en pratique les méthodes de travail et la compréhension business acquis précédemment pour fonder ma propre affaire. Sur les conseils d'amis j'ai compris l'intérêt de savoir coder pour au moins deux raisons :
1. Avoir la capacité de "bootstrapper" son produit sans (trop) d'aide extérieure.
2. Pouvoir comprendre ce que font les devs, partager leur langage et se faire comprendre.
Que fais-tu aujourd'hui ?
Je suis Research Engineer au
FAIR, le laboratoire d'intelligence artificielle de Facebook. Pour simplifier, il y a deux types de profils au
FAIR (avec des recouvrements entre les rôles) :
- Les scientifiques, qui ont une thèse, dont l'objectif est de développer une vision particulière sur leurs thématiques de prédilection et de pousser cette vision, en proposant papiers et expériences.
- Les ingénieurs, qui implémentent les expériences et rendent le code robuste afin de le partager en open source à la communauté.
C'est au fur et à mesure du bootcamp que j'ai pris conscience que j'aimais le code pour le code.
Je suis donc ingénieur, mon travail est de bien comprendre les expériences, proposer des améliorations le cas échéant, tout mettre en oeuvre pour qu'elles fonctionnent et rendre un code de qualité.
Est-ce que tu t'attendais à devenir développeur en commençant la formation ?
Absolument pas ! Comme je le disais, à l'origine j'étais venu dans l'idée de fonder ma propre affaire. C'est au fur et à mesure du bootcamp que j'ai pris conscience que j'aimais le code pour le code. Des zones inutilisées de mon cerveau se sont mis à re-scintiller sur l'IRM, et j'ai redécouvert le plaisir qu'il y a à créer avec ses mains. Je suppose que même si les outils sont différents, c'est le même plaisir que doit éprouver un charpentier ou un cuisinier.
Au sein de Facebook, la mission du FAIR est très particulière : il s'agit véritablement de faire avancer la science, tout est ouvert et accessible par défaut, c'est un laboratoire privé avec une concentration de talents et de moyens avec qui seul Google peut rivaliser.
D'autre part, il m'est apparu évident qu'il y avait en ce moment une tension sur le marché pour ces postes d'ingénieurs logiciels. J'y ai vu une opportunité ; après tout, pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable ?
Qu'est-ce qui t'a séduit chez Facebook ?
L'échelle et les moyens d'une société comme Facebook ont peu d'équivalents dans le monde. Au sein de Facebook, la mission du FAIR est très particulière : il s'agit véritablement de faire avancer la science, tout est ouvert et accessible par défaut, c'est un laboratoire privé avec une concentration de talents et de moyens avec qui seul Google peut rivaliser. Et nous autres Français sommes fort bien lotis, car il se trouve que ces laboratoires de classe mondiale sont très bien implantés à Paris ! D'autre part, durant les entretiens, j'ai apprécié l'atmosphère détendue et sympathique qui y régnait, sans aucune forme d'arrogance. C'est un endroit où on se sent bien, tout simplement.
Quant à savoir ce qui a séduit Facebook chez moi, mystère et boule de gomme... Je m'étais certes beaucoup préparé aux entretiens, j'ai d'ailleurs reçu d'autres offres (de Google notamment, à Zurich), l'investissement a payé, et la chance a joué... Mais le syndrome de l'imposteur n'est jamais loin, à moi de continuer à me battre pour prouver qu'ils ont eu raison.
Si tu compares ton métier actuel à ton précédent, dans lequel es-tu le plus épanoui ?
La réponse n'est-elle pas évidente ? Je dis souvent pour plaisanter que j'ai fait mon "coming out geek", et cela fait toujours du bien de se libérer